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jusqu’au printemps. Une compagnie d’Assurance Mutuelle a été fondée, nous dit-on, il y a deux ans : jusque-là, toutes les pertes par le feu étaient réparées en commun ; non seulement l’on fournissait les matériaux, mais aussi la main d’œuvre ; et la règle était de remettre la victime de l’accident dans le même état où elle était avant. Nous nous rappelons que l’on ne fit même pas exception à cette règle pour un riche avare d’assez triste réputation. Et si les maisons de ces Acadiens de St-Grégoire donnent une bonne idée de celles que leurs pères possédaient en Acadie, — vraisemblablement il en est ainsi, car ces gens sont respectueux de la tradition, et un grand nombre de ces logis datent du siècle dernier, — alors les remarques désobligeantes au sujet des demeures acadiennes, consignées dans la lettre plus haut citée de deux fonctionnaires français, n’avaient guère de fondement[1].

  1. Au bas de cette page très-belle et très-vécue, l’auteur a mis la note suivante, non moins intéressante, ni moins personnelle, ni moins précieuse pour toute notre famille : « Mon grand’père, Joseph LePrince, était marchand à St-Grégoire, en société avec son frère François. Tous les deux étaient mariés aux deux sœurs, Julie et Henriette Doucet. Ils eurent chacun dix enfants, en tout quatorze filles et six garçons. Ils vivaient dans une communauté absolue et dans la même maison, qu’ils agrandirent plusieurs fois. Ils avaient avec eux leurs vieux parents et firent instruire leur plus jeune frère qui devint Évêque de St-Hyacinthe. Ils adoptèrent une jeune fille irlandaise, Mary Walsh, — dont les parents étaient morts du choléra à Québec. Tous ces enfants reçurent une bonne éducation, soit au collège, soit au couvent ; deux des fils sont prêtres : l’un est chanoine du diocèse des Trois-Rivières, et l’autre de celui de St-Hyacinthe. Lorsque la maison ne put convenablement s’agrandir (davantage,) ils en firent construire une nouvelle à côté, mais elle resta plus d’un an inoccupée, tant répugnait l’idée d’une séparation après quarante ans de cette vie en commun. Vers 1836, le gouverneur de la Province, se rendant à Sherbrooke, avec sa suite, demanda et reçut l’hospitalité de mon grand’père. Plus tard, une hospitalité d’une nature bien différente était accordée au frère de l’honorable L, J. Papineau : c’était pendant les troubles de 1837-38. Sa retraite fut finale-