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et cela, non pour l’information de l’historien américain qui a eu ces documents sous les yeux quand il écrivait, mais pour l’édification du lecteur non préjugé qui désire avoir des éclaircissements puisés aux meilleures sources.

Le Révérend Andrew Brown, avide de se renseigner fidèlement sur le caractère des Acadiens, leurs mœurs, leurs habitudes, s’adressa à cet effet aux personnes qui avaient été le mieux à même de les observer. L’une d’elles était le capitaine Brook Watson, qui avait commandé le détachement envoyé à la Baie Verte pour enlever les habitants, et qui, en une autre circonstance, commanda une flottille de plusieurs vaisseaux transportant les Acadiens d’Halifax à Boston[1] ; l’autre était ce Moïse de Les Derniers, qui a joué un assez triste rôle pendant la déportation. Voici en quels termes s’exprimait celui-ci :

« Les Acadiens étaient le peuple le plus innocent et le plus vertueux que j’aie jamais connu ou dont j’aie lu le récit dans aucune histoire… Ils vivaient dans un état de parfaite égalité, sans distinction de rang dans la société. Les titres de Messieurs n’étaient pas connus parmi eux. Ignorant le luxe et même les commodités de la vie, ils se contentaient d’une manière de vivre simple, qu’ils se procuraient facilement par la culture de leurs terres. On ne voyait parmi eux que bien peu d’ambition ou d’avarice ; ils allaient au devant des besoins les uns des autres, avec une bienveillante libéralité ; ils n’exigeaient pas d’intérêts pour des prêts d’argent ou d’autres propriétés. Ils étaient hu-

  1. « In 1755 I was a very humble instrument in sending eighteen hundred of those suffering mortals out of the Province. »

    Watson to Brown. London, 1st July 1791. Coll. N. S. H. S. vol. II, p. 133.