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plume, et qui peut-être ignore si ces faits sont exacts, laisse passer sans soulever d’objection. De plus, ces deux fonctionnaires résidaient à Québec, et, en autant que nous avons pu nous en assurer par des recherches ad hoc, ils ne mirent jamais les pieds à Louisbourg ou à Beauséjour ; par conséquent, le fond de la preuve de Parkman, outre qu’elle se basait sur une assertion générale toujours dangereuse, était à peu près sans valeur. Qu’a-t-il fait pour lui donner de l’importance ? C’est bien simple. Il suffisait de taire les noms de ces fonctionnaires, et de se servir de l’expression French officiais, en apparence si anodine. De la sorte, il ne s’agissait plus d’étrangers susceptibles de parler sans connaissance de cause, mais, ainsi que le lecteur était induit à le croire, d’officiers demeurant dans le voisinage des Acadiens, soit à l’Île du Cap Breton, soit à Beauséjour ; et ce terme vague ne donnait pas à entendre un ou deux, comme c’était le cas, mais un nombre indéfini, cinq, vingt, et peut-être tous les fonctionnaires en bloc. Et, comme si ce n’eut pas été assez, par un autre truc de sa façon, il a raccroché à sa citation des accusations plus graves puisées l’on ne sait où ; et, pour faire croire que ceci provenait de la même source que ce qui précédait, il s’est dispensé de mettre des guillemets. Ainsi, avec rien, ou du moins pas grand chose, il a fait boule de neige et constitué apparemment une grosse preuve.

L’on nous pardonnera d’insister aussi longuement sur les accusations de Parkman : en elles-mêmes, elles n’ont que fort peu d’importance ; ce qui leur en donne, c’est la haute position que l’historien a usurpée. La tâche est ingrate, mais une fois armé de patience, et quand on a surmonté le dégoût qu’elle inspire, il peut devenir intéressant de le