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faire entendre que Francis Parkman. Si l’on divisait l’humanité en deux camps : ceux qui voient plutôt les qualités, et ceux qui voient plutôt les défauts, en d’autres termes, si les hommes se partageaient en bienveillants et en grincheux, Parkman occuperait un rang distingué parmi ces derniers. Pareille manie conduit forcément à la partialité, sinon à la mauvaise foi. Le champ d’opération est vaste, et il est si facile de donner une tournure défavorable aux actes les plus innocents. Que vous fassiez ceci ou cela, il en est qui trouvent matière à blâme, même s’il vous était impossible d’agir d’une autre manière que vous n’avez fait. « Les Acadiens, dit Parkman, étaient des paysans simples et très ignorants, industrieux et frugaux, jusqu’à ce que les jours de malheur fussent venus les jeter dans le découragement[1] ; ils vivaient isolés du monde, et montraient peu de cet esprit d’aventure qui s’était développé chez leurs frères du Canada, grâce à la facilité avec laquelle ils avaient pénétré dans ces vastes régions de l’intérieur où abondaient les fourrures ; ils avaient peu de besoins et encore des plus primitifs ; se livrant modérément à la chasse et à la pêche pendant l’hiver, mais surtout adonnés à la culture des prairies s’étendant le long de la rivière Annapolis, ou des fécondes terres d’alluvion arrachées par le moyen de digues au flux et reflux de la Baie de Fundy. »

Nous ne doutons pas que les Acadiens ne se soient sentis abattus en touchant les rivages de la Nouvelle Angleterre ; mais si Parkman avait eu la moindre bienveillance, il eût

  1. Dans l’édition anglaise, la citation se borne là, tandis que dans le MS. original, — fol. 710, — elle est telle que la donne notre texte. Cf. Parkman. Montcalm and Wolfe. I. ch. VIII. P. 268.