Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conseil et son entourage pour s’occuper des Acadiens, le volume des Archives ne contient quoi que ce soit.

Bien différente est la partie de la compilation qui a trait à la fondation et au développement d’Halifax. Ici l’auteur se donne un peu plus de latitude, il se montre moins exclusif, mais les lacunes sont encore considérables et importantes. Il évite généralement de mentionner tout ce qui pourrait trahir, chez les nouveaux colons, l’esprit d’insubordination ou un état moral inférieur à celui des Acadiens : dans l’ensemble cependant il est plus circonstanciel ; et si les plaintes qu’ont pu formuler les habitants n’arrivent pas jusqu’à nous, l’on assiste du moins à leurs occupations ; l’on se rend un compte plus ou moins exact de leurs désappointements, de leurs différends, car tout n’est pas paix et harmonie au sein de la nouvelle société. Le régime militaire, dont s’accommodaient les Acadiens depuis quarante ans, semble peser lourdement sur les épaules des habitants, et pourtant on le leur avait adouci. Loin de nous l’idée de vouloir déprécier cette population ; mais l’on conçoit que, recrutée un peu partout, sans choix particulier, il a dû se trouver parmi elle, à l’origine de cette fondation d’Halifax, des éléments de peu de valeur, comme il s’en dût trouver également chez les Acadiens du temps de La Tour. Sans vouloir agir dans un esprit de censure, l’on nous permettra bien de constater certains cas extraordinaires qui ne paraissent pas indiquer un haut degré de moralité. Ainsi, nous voyons qu’à Halifax, six mois après sa fondation, lorsqu’il y avait vingt-cinq licences pour vente de spiritueux, quarante personnes comparaissaient devant les grands jurés pour en avoir vendu illégalement, et cela, quand le gouvernement avait distribué dix mille gallons de rhum, de juillet à dé-