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remplacé par des astérisques ; quelquefois même aucun signe n’indique qu’il y a eu suppression. Les réponses des habitants français, celles de leurs prêtres ou des gouverneurs français du cap Breton sont presque invariablement omises. Quels griefs invoque-t-on contre eux ? Lorsque ces griefs sont spécifiés, ce qui n’est pas toujours le cas, ils se réduisent ordinairement à ceci : un retard à répondre à une communication ; résistance passive à l’injonction de prêter un serment sans réserve, ou bien efforts et négociations pour y substituer un compromis. Jamais l’on ne voit rien de plus grave. Et pourtant ces habitants avaient affaire à une autorité dont la puissance était dérisoire et qui n’avait pas les moyens de faire respecter ses volontés ! Néanmoins, comme, dans certaines de ses parties, ce volume contient exclusivement les documents qui énumèrent ces griefs, lesquels y sont qualifiés avec toute l’emphase propre au style militaire, le lecteur non averti ou préjugé est naturellement porté à en tirer des conclusions défavorables aux Acadiens. Il est rare qu’un lecteur s’occupe sérieusement des dates ; il prend les documents tels qu’ils viennent, dans l’ordre où il les trouve, sans regarder à l’intervalle qui sépare les faits dont il y est parlé. Ces documents venant à la suite l’un de l’autre donnent l’impression de la même succession dans les événements. Cependant il arrive parfois qu’un laps de temps considérable s’est écoulé entre deux ; et nous avons l’exemple de toute une période enjambée prestement sans qu’une seule dépêche émanée des Lords du Commerce ou des gouverneurs nous signale son existence. C’est ainsi que, pour les trois dernières années qui ont précédé le suicide d’Armstrong, alors que celui-ci avait à peu près perdu la tête, et qu’il était trop absorbé par ses querelles avec son