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tantôt en Europe ; l’instant d’après, il est dans les montagnes du Big Horn ou chez les Outagamis. Il va, vient, tourne, en apparence sans but arrêté, cherchant toujours, ne prenant que très peu de ce qu’il trouve. Il ne se pose solidement sur rien ; comme l’abeille, il butine : son miel est l’anecdote, le trait piquant. Il le cherche partout, sur le fumier comme sur la fleur[1]. Le rencontre-t-il ? il s’en empare avec délices. Que si, dans ses tournoiements et ses voltiges, il lui arrive d’effleurer un abbé quelconque, aux allures quelque peu cavalières, sur qui la légende a brodé ses arabesques, comme il est joyeux alors ! Quelle aubaine ! Que l’on vienne lui dire : mais tout cela n’est peut-être pas authentique ; l’autorité sur laquelle cela s’appuie ne mérite pas la confiance ; elle a été rejetée par tous les écrivains sérieux. Oh ! oh ! maître Parkman ne l’entend pas ainsi. Perdre une anecdote aussi savoureuse ? Nenni ! Il y tient comme le chien à son os. N’approchez pas !

Nous n’avons rien d’autre que ses ouvrages pour diagnostiquer le caractère de Parkman et les dispositions particulières de son esprit ; cependant il nous paraît facile de le juger d’après ces réalisations, et, à moins que les symptômes que nous en tirons ne soient absolument trompeurs, nous ne pouvons être bien loin de porter sur lui un jugement véridique. Cet auteur n’est exact en rien. Il trompe par action et par omission, et autant d’une manière que de l’autre.

  1. Ce mot, bien français, est pourtant un peu fort. Nous le croyons injuste à l’égard de Parkman. D’ailleurs, l’ensemble de ce jugement sur l’historien américain a besoin d’être adouci. À la page suivante (162) de l’édition anglaise, se trouve la note suivante : «  This was written before Parkman’s death. Since that time, I have, of course, read many panegyrics written by his admirers, which, in no way, alter my opinion of him. »