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de son honneur, faire sombrer tous les projets d’avenir qu’il était en droit de former. Il était bien trop rusé pour n’avoir pas pesé et mesuré toutes ses chances. Alors pourquoi les aurait-il courues, s’il n’avait caressé un espoir, plus grand encore, qui les contrebalançait toutes ? Et quel pouvait être cet espoir, si ce n’est celui de se créer une fortune à même les biens de ceux qu’il dépossédait ? Toute autre conclusion serait absurde[1].

[Même en l’absence des nombreuses preuves ou accusations que nous possédons contre Lawrence, nous pourrions encore dire, en vertu de conclusions rigoureuses : puisqu’il est absolument certain que ses conseillers ont été récompensés de leur complicité dans la déportation et en ont tiré profit, Lawrence qui encourait seul les risques, a dû nécessairement en profiter aussi lui-même, soit qu’il se soit approprié les terres vacantes, soit qu’il ait spéculé sur les bestiaux, ou peut-être les deux à la fois. Puisqu’il était assez malhonnête pour laisser des subalternes s’enrichir par de tels moyens, il l’était assez pour ne pas s’oublier lui-même, à moins de supposer qu’il ne fût un imbécile, ce qui n’était certes pas le cas. Le chef de bande, qui risque sa liberté et sa vie dans l’exécution de ses crimes, n’a pas l’habitude de négliger de prendre sa part du butin.]

Quoiqu’il en soit, cet argument, joint à la masse de preuves que nous avons produites, aux nombreux anneaux que nous avons soudés ensemble, complète la chaîne qui doit river Lawrence pour toujours au pilori de l’histoire.

  1. À cet endroit du MS. original — fol. 680 — il y a un renvoi à la marge où est insérée la note suivante au crayon : « Insérer ici les remarques à la marge de la page suivante. » — Nous mettons entre crochets ces remarques qui se trouvent en effet en marge du folio 681.