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CHAPITRE TRENTIÈME



Journée mémorable du 5 septembre à Grand-Pré. — Quatre cent quinze adultes réunis dans l’Église. — Lecture de l’Édit de déportation. — Usurpation de pouvoir. — Dépêche de Sir Thomas Robinson, secrétaire d’État, à Lawrence, datée du 13 août, en réponse à la lettre du 28 juin. — Le secrétaire d’État, grandement alarmé des projets déguisés de Lawrence. — Cette dépêche arrive trop tard, ou Lawrence feint de ne l’avoir pas reçue à temps. — Le 18 octobre, il annonce brièvement la déportation aux Lords du Commerce, sans faire allusion à la dépêche ministérielle du 13 août. — Il ne répond à celle-ci que le 30 novembre, et encore succinctement. — Lettre du 25 mars suivant. — Cette dépêche si importante du 13 août est passée sous silence par presque tous les historiens. — Brown et Parkman.


Le jour mémorable et néfaste du cinq septembre arriva enfin. C’était un vendredi. La convocation des hommes, jeunes et vieux, et des enfants âgés de dix ans, avait été fixée pour trois heures de l’après-midi, dans l’église de Grand-Pré.

Dans cette affaire, le plus inquiet du résultat était peut-être Winslow lui-même : il est vrai qu’il n’avait constaté jusque-là aucun sentiment de crainte ou de malaise chez les Acadiens[1] ; la Proclamation du 2 septembre leur ordonnant de se rassembler n’avait provoqué parmi eux aucun mou-

  1. À la date du 4 septembre 1755, c’est-à-dire la veille même du jour où les habitants élevaient se rassembler dans l’église de Grand-Pré, conformément à la Proclamation lancée le 2 septembre, il y a l’entrée suivante dans le Journal de Winslow : « A fine day, and the inhabitants were very busy about their harvest… » N. S. H. S. III. 94.