Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plan de campagne et de voir aux moyens de faire disparaître les traces de son crime. Tous savent combien il est difficile, malgré nos institutions démocratiques, malgré la vigilance d’assemblées représentatives, de la presse, de départements savamment organisés, malgré des responsabilités qui s’enchaînent et se contrôlent mutuellement, de faire la preuve de fraudes de la part des gouvernants ou des administrés. Ici, il ne s’agit pas d’une fraude actuelle, tangible en quelque sorte, au sujet de laquelle l’on peut créer une commission, choisir un tribunal, appeler des témoins, produire des documents publics ou privés. Non ! la fraude a été commise il y a cent trente sept ans[1], et cependant nous croyons que la preuve que nous allons en faire serait suffisante pour amener la condamnation de Lawrence devant nos tribunaux, certainement, en tout cas, devant le tribunal de l’opinion publique. Cette preuve est, en partie, circonstancielle, mais elle n’en est pas moins forte pour cela : plus d’un criminel a eu à expier de sa vie un crime qui n’était établi que par des circonstances.

Tous les actes de Lawrence, depuis le premier jour de son administration jusqu’à sa mort, forment, dans leur ensemble, une chaîne à laquelle il ne manque pas un seul anneau et d’où ressort son évidente culpabilité[2]. Souvent,

  1. Que l’on se rappelle que Richard écrivait vers 1892. Dans l’édition anglaise (II, 127) entre parenthèses il y a ceci : I wrote this in 1892.
  2. Le MS. original porte ceci : « tous les actes de Lawrence, depuis le premier jour de son administration jusqu’à sa mort, forment, dans leur ensemble, une chaîne d’évidence à laquelle il ne manque pas un seul anneau », (fol. 645.) — Chaîne d’évidence nous a paru une expression risquée. Aussi avons-nous changé cette phrase. Il reste ceci, à quoi nous ne pouvons rien, c’est qu’elle semble impliquer contradiction avec ce qui précède. L’auteur vient de dire que la preuve contre Lawrence est circonstancielle ; et ici, il affirme qu’elle forme une chaîne d’évidence.