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rique, l’honneur ne comptait que pour une quantité négligeable et qui n’était qu’en surface. Pourvu que l’on en sauvât les apparences, le but était atteint. Pour le faire, l’on s’abritait derrière les sauvages, amis de l’une ou de l’autre. Dans l’Ouest, l’Angleterre avait ses alliés, qu’elle poussait de l’avant quelquefois pour déjouer les projets des Français et faire réussir les siens. La France y avait aussi ses amis, et en plus grand nombre. En sorte que ni l’une ni l’autre n’échappait à l’occasion de les « utiliser pour nouer des intrigues ou servir ses fins. Dans l’Est, par contre, tous les Indiens étaient pour la France et avaient juré une haine mortelle à l’Angleterre, laquelle, dans son exaspération, les combattit avec une barbarie qui souvent dépassa celle de ces sauvages mêmes. Ceux-ci avaient donc de nombreux griefs à venger, et leur animosité était telle qu’il était toujours assez facile de les porter à des actes d’hostilité.

C’est la crainte de ces sauvages qui, pendant un demi-siècle, empêcha l’Angleterre de coloniser la Nouvelle-Écosse. Les Français s’imaginèrent qu’il leur suffirait de harceler les nouveaux colons, de semer chez eux la terreur par des violences habilement ménagées, pour leur faire prendre en dégoût un pays si peu sûr, et frustrer ainsi la Grande-Bretagne dans ses projets. Politique inhumaine et insensée, qui ne pouvait que soulever davantage l’animosité de l’Angleterre et multiplier ses efforts pour déloger finalement une rivale, dont le voisinage serait toujours un obstacle à son commerce et à son expansion[1].

  1. Toujours le cher commerce, la chère expansion de l’Angleterre ! À lire Richard, l’on dirait vraiment qu’une pareille fin était nécessaire au bonheur de l’humanité et qu’elle entrait dans les vues insondables de la Providence, puisqu’il blâme si vertement les Français de l’avoir entravée de leur mieux. L’on