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tion solennelle, ils vécurent en somme dans une parfaite quiétude. Non seulement la convention ne fut pas désavouée, mais l’on s’y conforma scrupuleusement de part et d’autre pendant la guerre, et tout au long de cette période. Au fond, la bonne foi n’était que d’un côté : de l’autre, l’on n’attendait que des circonstances favorables pour répudier ce qui n’avait été qu’une échappatoire, un expédient passager pour sortir d’une impasse.

La fondation d’Halifax fut l’occasion si longtemps guettée. Cornwallis pouvait maintenant, il le croyait du moins, parler en maître. Ego nominor leo[1]. Qu’il y eut eu convention ou non, cela lui importait peu ; il ne lui était même pas nécessaire d’invoquer un manque de loyauté de la part des Acadiens : là n’était pas la question. Il lui suffisait d’être le plus fort : avec cela, un soldat de son espèce ne se met pas en peine d’arguments. Ainsi que ses prédécesseurs, il était convaincu que les Acadiens préféreraient le serment à l’alternative de perdre leurs possessions. Et le délai, que le traité d’Utrecht avait fixé à un an, et Richard Philipps à quatre mois, Cornwallis le réduisit à trois : à l’exemple de Philipps, il défendit aux habitants de rien emporter avec eux. Lorsqu’enfin il se fut rendu compte que ceux-ci aban-

    peared that, so far at least as regards the Acadians on and near Mines Basin, the effect of the oath was qualified by a promise on the part of Philipps that they should not he required to take up arms against either French or Indians… This statement is made by Gandalie, etc. » — Dans le même ouvrage, T. II, p. 173, ch. XXII, Parkman va plus loin et il admet que tous les Acadiens, et non pas seulement ceux des Mines, ont prêté un serment conditionnel. Cf. notre Tome 1er d’Acadie, ch. VII, note 16.

  1. Ego primam tollo, nominor quoniam leo.

    Phaedri Fabul. Lib. I. Fab. V. Facca, Capella, Ovis & Leo. Page 3 de l’édit. de Leipsig. 1876, chez B. G. Teubner.