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Je prie votre E. d’estre persuadé que je n’ay ni n’auray de ma vie aucune part a leurs Actions et que je fairay tout mon possible pour conserver la bonne intelligence et l’union qui doit estre entre les deux Nations.

J’aprens ce soir par une lettre du Commandant du port Thoulouze qu’un de vos Batteaus de Guerre est toujour mouillé dans nos havres entre les deux passages, ce commandant a Envoyé un officier à son bord pour luy demander S’il a besoin de quelque chose et savoir les Raisons qui l’oblige à se tenir ainsi à l’écart.

Je prie votre E. de vouloir bien ordonner à vos Vaisseaux de s’adresser directement a moy Lorsqu’ils feront quelque Séjour dans quelque port de cette isle, et s’ils ont besoin de secours, Je leur feray donner ce qui leur sera nécessaire.

Si je puis découvrir ou est le Batteau que les Sauvages ont pris, Je tacheray de le retirer de leur mains pour vous le renvoyer, mais je ne puis les y contraindre par la force.

Je suis avec toute la considération et l’estime possible Monsieur

Votre tres humble et tres obeissant Serviteur,
DESHERBIERS.


L’abbé Le Loutre au ministre.


App. L. P. 346-7.

Louisbourg, le 29 juillet 1749.


Monseigneur, — Comme je suis chargé des Sauvages Micmacs de l’Acadie, et que le Comte de Maurepas m’avait ordonné de l’informer de la situation de ce pays, je prends la liberté de faire un détail à Votre Grandeur de ce qui s’y passe : il y a un mois que les anglois sont arrivés à Chibouctou avec 22 vaisseaux de transport tant navires que brigantins et desquels il y en a de 24 pièces de canon ; il y a 600 familles dans ces vaisseaux ; à leur arrivée le général que l’on nomme Cornwallis a fait passer un courrier a Monsieur Mascarène Gouverneur du Port Royal pour l’en informer, le général a donné ordre aux députés des Mines de se transporter sous huit jours à Chibouctou avec 200 bœufs defense aux habitans de l’Acadie de faire passer bœufs ou moutons à Louisbourg sous peine de punition corporelle et de confiscation de leurs biens.

Le général va faire travailler incessamment au portage de Chibouctou aux Mines, il doit y faire travailler les habitans de l’Acadie jusqu’à ce qu’il y ait un chemin à y faire passer les charettes, leurs vaisseaux ne font présentement qu’aller de Chibouctou à Baston pour le transport des vivres et autres choses necessaires pour leur établissement.

Les anglois ont deux corsaires en croisière depuis le cap de Sable jusques par le travers de Chibouctou pour empescher les Bastonnais et les bastiments de l’Acadie d’aller à Louisbourg ils ont deux autres corsaires destinés pour la