d’enfants de dix ans pourrait bien exciter l’étonnement, la méfiance ! Si, à cause de cela, la mèche allait être éventée ? Mais les ordres de Lawrence étaient précis : il fallait s’emparer des hommes et des garçons au-dessus de dix ans, les embarquer et les expédier, avant de s’occuper des femmes et des enfants. Pour tourner la difficulté, Murray inventa la phrase qui termine la proclamation : « Je déclare qu’aucune excuse, de quelque nature qu’elle soit, ne sera acceptée, et que le défaut d’obéissance aux ordres ci-dessus entraînera la confiscation des biens et des effets[1]. « Et voilà ! Le tour était joué. Ce document, avec ses phrases à double sens, ses sous-entendus, et sa note finale, était, — Murray pouvait se l’imaginer, — un chef-d’œuvre qui serait fort goûté du Maître, et qui porterait son auteur bien haut dans ses bonnes grâces.
Quelques jours auparavant, Winslow, qui voyait pour la
- ↑ Declaring that no excuse will be admitted of on any pretense whatsoever on pain of forfitting goods and chattels on default. — C’est le texte même de Winslow. — Dans le MS. original, — fol. 583, — il y a ici un gros contre-sens, lequel a passé dans l’édit. ang. (II, p. 76.) : « déclarant qu’aucune excuse ne sera admise sous aucun prétexte, sous peine de forfaire tous leurs effets mobiliers à défaut d’immeubles. » « On pain of forfeiting goods and chattels, in default of real estate. » Ainsi, Richard a traduit : on default, expression qui termine la sommation de Winslow, par à défaut d’immeubles, tandis que le sens obvie est que : à défaut d’obéissance, les biens et effets seront saisis. — C’est un malheureux contresens ; ayant rétabli le texte authentique, nous sommes obligé de supprimer par conséquent les considérations que Richard avait bâties sur sa fausse traduction. Les voici d’ailleurs : « Il devenait évident par là que les nouvelles instructions de Sa Majesté devaient être excessivement favorables, puisqu’il était question de forfaire des meubles, et même des immeubles, à défaut d’obéissance. (Ici Richard a compris le vrai sens de : on default, mais c’était un peu tard.) D’après la décision donnée par Lawrence à leurs délégués, les immeubles étaient déjà forfaits. Évidemment les instructions de Sa Majesté étaient de nature à leur causer une grande réjouissance. Et Murray de se frotter de nouveau les mains. »