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vaient tout craindre de la part de Lawrence, mais ils n’avaient à redouter rien d’injuste, ou au moins rien d’inhumain de la part du gouvernement anglais. Ils n’auraient donc, suivant les apparences, en obéissant à l’ordre de convocation, rien à risquer, ils auraient plutôt tout à gagner. Il leur paraîtrait impossible que Lawrence pût s’autoriser faussement du nom de Sa Majesté. Murray ne pouvait ignorer que le gouverneur avait résolu la déportation sans instructions, sans ordres du Roi, lesquels d’ailleurs il n’aurait pu obtenir. Mais l’évocation de la Majesté Royale était le moyen infaillible de procurer l’obéissance à la dite proclamation ; les supercheries du passé s’effaceraient devant des affirmations aussi plausibles, et les Acadiens ne s’en souviendraient plus. Murray dût se frotter les mains de satisfaction, et se croire un profond diplomate, en commentant à Winslow le produit de sa cervelle.

Il y avait bien quelques points noirs qui devaient inquiéter les deux compères : ainsi les Acadiens pourraient-ils croire à de bonnes nouvelles, tant que leurs délégués seraient retenus prisonniers à Halifax ? Et cette convocation

    diens adressèrent au Roi de France une supplique, etc., » et il renvoie à l’Appendice XI où se trouve la dite supplique d’après les Archives de la N.-E., Akins, p. 233 ; or, dans Akins, ce document, provenant des Tyrrell’s Papers, est sans date ; il y figure entre des pièces datées de 1754, d’où peut-être la confusion dans laquelle est tombée Rameau. En réalité cette supplique est de 1749, ainsi que nous la donnons d’après les Archives Canadiennes. Cf. Rameau. II, XIV, 151. — Il peut se faire que le Roi de France ne se soit occupé de la requête de 1749 qu’en 1754 ou 1755, et qu’au lieu du délai d’un an qu’y réclamaient les Acadiens pour émigrer, il ait dit à son ambassadeur d’en demander trois au Cabinet de Londres ; il peut se faire aussi que le Roi de France ait été, en 1754 ou 55, pressé, par des lettres du Gouverneur du Canada, ou de celui de Louisbourg, ou des anciens missionnaires en Acadie, d’intervenir auprès du gouvernement anglais pour régulariser et adoucir le sort des Acadiens. Ce qui est certain, c’est que la requête dont parle Richard, après Rameau, est de 1749.