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comme le comportaient ses instructions, faire du pays un désert inhabitable, afin de forcer les fuyards à se livrer, et de décourager un retour possible des exilés[1]. Accompagnés d’une escorte de soldats, Winslow fit donc une tournée d’inspection dans les campagnes avoisinantes, et constata, avec regret, qu’il restait encore beaucoup de grain sur le sol[2].

Le mardi, 2 septembre, de bonne heure le matin, Winslow appareilla sur une baleinière, et se rendit à Piziquid pour se consulter définitivement avec Murray et arrêter la proclamation qui serait adressée aux habitants[3]. Cette proclama-

  1. « … « You must proceed by the most vigourous measures possible not only in compeling them to embarke, but in depriveing those who shall escape of all meam of shelter or support by burning their houses and destroying everything that may afford them the means of subsistance in the countrey. » » (Instructions du 11 août 1755. Journal de Winslow. N. S. H. S. vol. III, p. 80.)

    L’on remarquera la similitude de ces ordres avec ceux que reçoivent et qu’exécutent à la lettre les armées boches dans leur retraite vers l’imaginaire ligne Hindenburg. Tout détruire, tout saccager, tout brûler ou tout emporter, ne rien laisser de vivant derrière soi, pas même un arbre ni un brin d’herbe. ’’L’herbe ne pousse plus où mon cheval a passé,’’disait Attila. Boches ou anglais, il n’y a guère de différence : c’est le même sang, la même âme, la même brutalité.

  2. 1735, Aug. 31. « … in the afternoon took a tour with Doctr Whitworth and Mr Gay and 50 men two third parts round Grand Pré. Finde abundance of wheat, etc., on the ground, returned in the evening. » — Journal. Coll. N. S. H. S. vol. III, p. 89.
  3. Le 2 septembre 1755. — Je me suis rendu en bateau de bonne heure ce matin, au fort Édouard, afin de m’entendre avec le capitaine Murray au sujet de la tâche critique que nous avons à remplir. J’étais accompagné du docteur Whitworth et de l’adjudant Kennedy. Nous avons définitivement adopté le projet que nous avions conçu, et nous sommes convenus de rassembler les Acadiens à trois heures de l’après-midi. Les habitants de mon district seront sommés de se réunir à l’église de la Grand-Prée, et ceux du district du capitaine Murray devront se rendre au fort Édouard, à Piziquid. Nous avons fait traduire cette sommation en français par M. Beauchamp (sic pour Isaac Deschamps), marchand. (Cf. A. C. P. 75 des App.) Journal. III. 90.