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Vers le même temps, en effet, le secrétaire d’État, effrayé des projets déguisés de Lawrence, tels qu’exprimés dans sa lettre du 28 juin, dictait une réponse pleine d’alarmes, qui devait arriver trop tard pour sauver un peuple du complot odieux qu’un monstre avait ourdi contre son existence. Mais, avant de nous occuper de cette lettre importante, si honorable pour son auteur, si consolante pour les fils des victimes et pour l’humanité entière, nous suivrons Lawrence dans les préparatifs et la consommation de son œuvre[1].

Deux jours seulement après que la décision officielle de la déportation eût été prise, à savoir, le 31 juillet, Lawrence adressait au colonel Monckton, commandant à Beauséjour, la lettre suivante. Nous la reproduisons en entier, malgré sa longueur : elle est importante pour faire comprendre les événements, et faire bien voir les sentiments qui animaient le gouverneur[2] :


Halifax, le 31 juillet 1755.


« … Les députés des habitants français des districts d’Annapolis, des Mines et de Piziquid, ont été appelés à comparaître devant le Conseil, et ont refusé de prêter le serment d’allégeance à Sa Majesté ; ils ont aussi déclaré que tel était le sentiment de toute la population. En conséquence, le con-

  1. L’auteur fait ici allusion à la dépêche de Sir Thomas Robinson, en date du 13 août 1755, laquelle sera citée au ch. xxx, et accompagnée de commentaires. Comme consolation pour les fils des victimes de la déportation, cette lettre vaut un peu mieux que rien.
  2. Cette pièce est dans Akins, p. 267-8-9, où elle est précédée de trois astérisques. On la trouve aussi, en partie, dans Arch. Can. (1906), Appendice A. P. 64-5.