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L’on avait intérêt, nous le comprenons, à cacher et tâcher d’effacer des vilenies aussi compromettantes. La Société Historique d’Halifax a publié, dans ses « Collections », mais en partie seulement, le manuscrit de Brown, retranchant du rapport de Morris tout ce qu’il a d’odieux pour n’en donner que les passages descriptifs. Serions-nous justifiables de supposer qu’il s’est trouvé quelqu’un d’intéressé à sauver un ancêtre du mépris public[1] ?

C’est vers la mi-juillet, croyons-nous, que doit se placer l’arrestation des prêtres de l’Acadie et l’enlèvement des Archives des Acadiens. Les Archives d’Halifax ne nous fournissent aucun renseignement sur ces faits importants. Le lecteur doit maintenant en connaître assez sur les omis-

  1. « La première partie de ces Remaries, laquelle est purement descriptive, a été publiée dans un des Rapports de la Soc. Hist. de la Nouvelle Écosse, d’après les manuscrits du docteur Brown (Coll. of N. S. H. S. vol. II, p. 158) ; mais cette société a agi, relativement à cette pièce, absolument comme le compilateur des Archives de la Nouvelle-Écosse, c’est-à-dire qu’elle l’a tronquée et qu’elle a laissé dans l’ombre tout ce qu’il y a de compromettant… » (Casgrain, Pèlerinage… P. 95, en note.)

    C’est en effet dans le vol. II des coll. of the N. S. H. S. qu’a été publiée la partie anodine du rapport de Morris. Cela a paru en 1881. — Quant à la disparition de ce document, dont Richard se plaint, entendons-nous bien, et n’en mettons pas sur le compte du gouvernement anglais plus qu’il n’y en a. Le Dr. Brown était venu à Halifax en 1787 ; il y résida jusqu’en 1795, qu’il retourna en Écosse. Or, à l’époque de son séjour en Nouvelle-Écosse, le rapport de Morris existait, puisque Brown le trouva parmi les délibérations du Conseil se rapportant à la déportation des Acadiens, ainsi que lui-même l’affirme. Le propre fils de Morris en avait d’ailleurs gardé copie. Brown emporta ce document, avec bien d’autres, et toutes les notes qu’il avait déjà amassées et rédigées en vue de faire une Histoire de la Nouvelle-Écosse, et tout cela fut trouvé par hasard dans une boutique d’épicier et acheté par A.-B. Grosart, de qui le British Museum en fit l’acquisition, le 13 nov. 1852. Par quelle aventure tous les matériaux préparés par le Dr. Brown échouèrent-ils dans une boutique d’épicier ? Mystère ! Mais il ne semble pas que la main du gouvernement soit au fond de cette affaire. Il eût été plus simple pour lui de tout détruire.