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Après avoir subi le feu des reproches de Lawrence, les députés acadiens furent requis de prêter sur-le-champ un serment sans réserve. Ils implorèrent la faveur de retourner dans leurs foyers pour se consulter avec leurs compatriotes et prendre tous ensemble une décision unanime sur la question. Si Lawrence eût sincèrement désiré d’obtenir ce serment, il eût été raisonnable et politique de sa part d’accorder cette faveur si simple ; aucun inconvénient ne pouvait en résulter. Au lieu de cela, il fut donné aux députés vingt-quatre heures pour une réponse définitive. Le lendemain, leur réponse fut la même : « nous sommes ici pour représenter nos districts respectifs, lui dirent-ils ; nous ne pouvons, ni au nom de nos commettants, ni en notre propre nom, prendre des engagements sans consulter la masse de nos compatriotes ; nous désirons nous entendre avec eux là-dessus et en venir à une résolution pour ou contre, laquelle sera la même pour tous. »

Alors, on leur déclara que le conseil ne pouvait plus les considérer comme sujets de Sa Majesté Britannique, mais comme sujets du Roi de France, et qu’à l’avenir ils seraient traités comme tels. Si du moins on les avait, par la suite, traités comme sujets du Roi de France ! Mais si on les considérait comme tels, il fallait les laisser partir ; c’est là ce qu’ils avaient demandé et imploré à maintes reprises, hélas ! toujours en vain. Ils n’étaient pas restés dans la province de par leur volonté, mais bien de par les empêchements que leurs gouvernants avaient mis à leur exode. Que si, par ce refus de prêter serment, ils redevenaient sujets français, pourquoi alors Lawrence lui-même avait-il adressé une Proclamation à ceux qui avaient laissé le pays cinq ans auparavant, et dans laquelle il leur avait déclaré qu’ils n’étaient pas déliés de leur serment de fidélité ; qu’ils seraient consi-