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« Ils s’étaient montrés indolents et paresseux à l’égard de leurs terres, avaient négligé l’agriculture, laissé le sol en friche ; ils n’avaient été d’aucune utilité dans la province, soit au point de vue des travaux des champs, soit au point de vue du commerce ou de la pêche, mais ils avaient plutôt mis obstacle à l’exécution des intentions du roi au sujet de la colonisation. »

Pareilles accusations étaient à la fois futiles et fausses. Eussent-elles eu quelque fondement, qu’elles n’avaient pas leur place dans la circonstance. Au demeurant, elles montrent bien la peine que Lawrence se donnait pour fabriquer des griefs. Si cela était vrai, la part de responsabilité qui en revenait aux Acadiens était infime au prix de celle qui pesait sur les gouverneurs. Depuis quarante ans, l’on refusait de reconnaître leurs titres de propriété sur leurs anciennes terres, en même temps qu’on leur déniait le privilège d’en acquérir de nouvelles, les condamnant par là à vivre sur des parcelles de sol, paralysant leurs ambitions et leurs bras. Et cependant, en dépit de ce morcellement, ils produisaient plus qu’il n’en fallait pour la consommation de la province, « Vos terres, leur avait dit Cornwallis, donnent suffisamment de grain, et nourrissent suffisamment de bestiaux pour les besoins de la colonie entière. Nous savons que vous êtes industrieux et tempérants, et que vous n’êtes adonnés ni au vice ni à la débauche[1]. »

Le 3 septembre, alors qu’il allait procéder à la déportation, Winslow faisait l’entrée suivante dans son journal :

« Ce matin, le capitaine Adams et sa suite sont revenus de leur course vers Rivière Canard, etc ; ils ont rapporté

  1. Nova Sco. Doc. Akins. P. 189. (Doc. déjà cité.)