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voyons, dans le document que nous avons cité : « ils admirent… », « ils ne nièrent pas… » — S’ils ne pouvaient, eux, que se courber et se taire, l’Histoire ï)eut juger de quel côté se trouvait l’insolence. L’arrière petit-fils des victimes de Lawrence peut, quoique tardivement, déchirer le voile qui recouvre encore ses infamies, et graver sur sa mémoire le stigmate qui convient aux scélérats.

Examinons une à une ses accusations.

Il les accuse d’avoir aidé secrètement les sauvages, lorsque cependant, depuis cinq ans, il n’y avait plus aucun groupe de sauvages résidant dans la péninsule, ou dans le voisinage des Acadiens. Depuis que Cornwallis avait mis leurs têtes à prix, les Indiens vivaient tous du côté des Français à Beauséjour, duquel les établissements acadiens étaient séparés par de longues distances. L’on sait d’ailleurs à quel point les Acadiens qui demeuraient près de la la frontière eurent à souffrir de leur part à cette époque, alors que les forts Lawrence, Edward et Vieux Logis n’étaient pas encore fondés. Dans ces conditions, il est difficile de comprendre sur quoi une accusation de cette espèce pouvait se baser[1]

  1. Le MS. original — fol. 512 — contient ici la note suivante :

    « M. Prévost, écrivant au Ministre, le 27 septembre 1750, disait des Acadiens réfugiés à Beauséjour sur le territoire français : « Les Anglais sont descendus à Beaubassin pour y fonder un établissement. Les Sauvages veulent les inquiéter mais les Acadiens s’y opposent. »

    Cf. Can. Arch. (1887) P. CCCLII. — Île Roy. Corr. Gén. 1750. vol. 29. M. Desherbiers, gov. c. 11. 1750. Sept. 27. Louisbourg. M. Prévost to the Minister : « The English have disembarked 2,000 men at Beaubassin to form a settlement there. Indians désire to disturb them, but the Acaclians oppose this move, and the greater portion fly into the woods waiting for the settlement of the boundaries. » (Fol. 106, 7 pp.)