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danger d’une faible portion de leurs armes. Mais alors, pour la même raison, nous sommes également amenés à conclure qu’il s’attendait du moins à créer par là de l’irritation, de l’insoumission, et peut-être des troubles partiels, desquels il s’autoriserait pour sévir davantage, et pour justifier la déportation qu’il contemplait. Il se trompa cependant, en ce sens qu’il ne provoqua ni troubles ni insoumission. Si incroyable que soit une obéissance portée à ce point, elle n’en est pas moins un fait irrécusable.

Se rappelant les rigueurs exercées contre quelques-uns des leurs, l’automne précédent, pour avoir suspendu temporairement, en attendant une réponse à leurs représentations, l’exécution des ordres arbitraires de Lawrence au sujet de la livraison du bois, les Acadiens cette fois obéirent unanimement à la sommation d’avoir à livrer leurs armes. Ils adressèrent toutefois une requête à Lawrence, immédiatement après que cette sommation leur eût été signifiée : la requête est en date du 10 juin. Il eût été convenable pour le gouverneur de la prendre en considération avant le jour fixé pour la livraison des armes, puisque son objet était de faire révoquer ce commandement. Il n’en fit rien. Pour éviter de donner une réponse en temps opportun, il laissa passer la limite assignée à l’exécution de son ordre ; et ce ne fut que quelques semaines après, le trois juillet suivant, qu’il condescendit à les entendre. Au jour dit, les Acadiens, pour ne pas s’exposer à de nouvelles sévérités et à de nouveaux malheurs, remirent leurs fusils, lesquels, d’après le témoignage du juge Deschamps cité par le Dr. Brown, étaient au nombre de deux mille neuf cents[1]. Haliburton, qui n’a qu’im-

  1. Nous croyons que l’auteur fait ici une légère confusion. Dans le document cité supra (Pièce XXXIII des Doc. in. sur l’Acadie), il est dit que les soldats,