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plus d’un siècle auparavant. Il semble que, dans les deux camps, et pour des motifs analogues, l’on demandât plus que l’on n’espérait vraiment obtenir.

Entre temps, le capitaine Marin occupa, après le traité d’Aix-la-Chapelle, tout le pays situé au nord de la Baie de Fundy, savoir la province actuelle du Nouveau-Brunswick, laissant aux Anglais, en attendant la décision de la commission qui serait chargée de régler la question des frontières, le territoire qui compose la Nouvelle-Écosse, moins le Cap Breton. Ce dernier domaine comprenait les établissements acadiens de Rivière Saint-Jean, Chipody, Memramcook et Petitcodiac. Beaubassin se trouvait situé, partie du côté français, partie dans la péninsule. Cet état de chose réveilla, dans l’esprit des autorités anglaises, l’idée souvent émise par Philipps, et surtout Shirley, d’implanter des colons britanniques dans la Nouvelle-Écosse. Philipps, et après lui Mascarène, avaient proposé l’établissement d’un fort à Beauséjour, et la colonisation de l’isthme depuis l’extrémité est de la Baie de Fundy jusqu’à Baie Verte. Shirley, comme nous l’avons vu dans notre chapitre douzième, avait suggéré en outre d’enlever aux Acadiens une partie de leurs terres pour les donner à des colons de la Nouvelle Angleterre : dans sa pensée, une pareille mesure aurait pour effet d’amener les gens du pays à s’anglifier et à passer au protestantisme. Toutefois, soit par incurie, soit à cause des dangers de la situation ou de l’hostilité des sauvages, soit encore que ces projets demandassent des sacrifices pécuniaires trop considérables, ou que les colons du Massachusetts inspirassent déjà des craintes à la Métropole, rien n’avait été fait ni dans un sens ni dans l’autre.

Le premier de ces projets était devenu d’une application malaisée, à raison de la grande expansion de la population