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CHAPITRE VINGT-SIXIÈME



Six juin. — Lawrence, par supercherie, fait enlever quatre cents fusils. — Ordre est donné aux Acadiens de livrer le reste de leurs armes. — Dix juin. — Requête des Acadiens de Grand-Pré et de Pigiquit priant Lawrence de ne pas les obliger à cette livraison. — Cette requête n’est prise en considération que le trois juillet ; entre temps, les armes sont livrées. — La dite requête est trouvée insolente. — Nouvelle requête. — Griefs de Lawrence. — Les députés Acadiens refusent d’abord de prêter le serment. — Le lendemain, ils s’offrent à le faire. — Lawrence à son tour refuse. — Ils sont emprisonnés.


La prise de Beauséjour avait été une opération de haute importance. Elle avait été accomplie en temps de paix ; mais, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, cette paix ne fut qu’une longue suite d’hostilités. Sourdes jusqu’à cette époque, ces hostilités éclatèrent alors avec une extrême violence sur toute l’étendue de la frontière, depuis le Golfe Saint-Laurent jusqu’au Mexique, — encore que la guerre n’ait été officiellement déclarée que près d’un an plus tard. L’occupation de l’isthme, et de toute la côte nord de la Baie de Fundy, par les Français, avait été une source d’ennuis pour les Anglais, et de difficultés entre les deux nations. Quant aux Acadiens, leur situation avait été plus difficile que jamais : déjà critique par elle-même, elle avait encore été aggravée, d’un côté par les exigences et les rigueurs des gouverneurs anglais, de l’autre par les agissements de Le Loutre, et la conduite des autorités françaises à leur égard[1].

  1. Après tout ce que nous avons dit, particulièrement dans les notes des chapitres XV-XVI, il ne nous semble pas nécessaire de montrer que les « agisse-