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l’automne précédent, pour donner couleur à ce qu’elle contenait. Les Sauvages s’étaient montrés plus pacifiques qu’on ne les avait vus depuis longtemps ; la garnison de Beauséjour n’avait pas été renforcée et comptait à peine cent soixante soldats ; les fortifications avaient été laissées à peu près dans le même état. Au moment même où la flotte apparaissait au fond de la Baie, Le Loutre était activement occupé aux travaux d’endiguement qui devaient procurer des terres aux Acadiens. Cette expédition avait été organisée fort habilement ; le secret en avait été si bien gardé que sa présence devant le Fort fut le premier signal du danger qui menaçait les Français.

Encore que les deux nations fussent en paix, ostensiblement du moins, il n’y avait pas à se méprendre sur le but de ce déploiement de forces ; aussi la consternation fut grande à Beauséjour, et le devint davantage lorsque, quelques jours plus tard, l’on pût se convaincre qu’il ne fallait espérer aucun secours du cap Breton. En effet, des vaisseaux anglais croisaient devant Louisbourg : forcer un passage pour aller secourir Beauséjour, c’était exposer Louisbourg à un coup de main. Il y avait bien, du côté français de la frontière, de douze à quinze cents acadiens en état de porter les armes ; et c’était autant qu’il en fallait pour tenir les assiégeants en échec, et faire avorter peut-être l’entreprise ; mais pour bien des raisons, Vergor ne pouvait compter sur eux[1].


    Mr. Duquesne’s is of his own Composing. » — (Hussey to the commander-in-chief. Fort Lawrence, 12 nov. 1754.)

    Les raisons que donne Hussey contre l’authenticité de cette lettre sont absolument péremptoires.

  1. Le MS. original — fol. 476 — porte à cet endroit la note suivante :

    De Vergor, dans une lettre à M. Drucourt, l’année précédente, disait qu’en