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CHAPITRE VINGT-QUATRIEME



Situation des Acadiens à Beauséjour. — Vénalité de De Verger et des officiers Français. — Le Loutre.


Revenons un peu sur nos pas, afin de passer brièvement en revue les faits les plus saillants qui se sont produits à Beauséjour, du côté des Français. Nous avons signalé les efforts de Le Loutre pour porter les Acadiens de Beaubassin à traverser la frontière. Ce missionnaire avait reçu, du gouverneur du Canada, l’assurance que ceux des habitants qui émigreraient seraient compensés des pertes qu’ils auraient subies. L’on devait exécuter des travaux d’endiguement, qui permettraient d’offrir à la plupart d’entre ceux-ci des terres excellentes, toutes prêtes à être cultivées. Malheureusement, les plans de Le Loutre paraissent avoir été longtemps frustrés par les exactions et la vénalité des officiers français.

La France traversait alors l’une des époques les plus honteuses de son histoire ; elle courait à sa ruine par tous les chemins. Tout ce qui fait surgir les grands mouvements, les nobles entreprises ; tout ce qui avait jusque-là commandé le respect, provoqué l’enthousiasme, s’en allait ou s’était déjà évanoui sous le persiflage d’aimables vauriens, dont l’esprit amusait la France et lui tenait lieu de gloire. L’on détruisait sans édifier. Un souffle de mort emportait ce qui