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matin que, dans une conversation qu’il avait eue avec quelques-uns des Acadiens, il leur raconta ce qu’il tenait du prêtre (Daudin) ; ils en furent étonnés et déclarèrent qu’ils n’avaient jamais eu l’intention de prendre les armes, et qu’au contraire, si, dès que le parti serait de retour d’Halifax, ils recevaient l’ordre d’apporter du combustible, nonobstant leurs représentations, ils étaient bien résolus à obéir[1].

Or, l’on fit un grand état de cette désobéissance, qui pourtant n’en était pas une, puisque les Acadiens faisaient déprendre l’exécution de ces ordres de la réponse du gouverneur. Au pis aller, ce n’était qu’un court délai. Ce droit de se plaindre par requête, droit si élémentaire, qui est à la base des libertés anglaises, n’existait-il donc pas pour eux ? Ne convenait-il pas, au nom du plus vulgaire bon sens, de leur donner la mince satisfaction d’attendre que cette réponse leur fût parvenue ? C’est bien ce qu’eût fait tout homme doué d’une parcelle de bienveillance ; c’est bien ce qu’eût fait, nous n’en doutons pas, Lawrence lui-même, malgré sa férocité, s’il n’eût cherché l’occasion de sévir contre les Acadiens afin de les exaspérer, de fomenter parmi eux des troubles, et de se donner des prétextes pour les déporter. Ce n’est cependant pas ce qu’il fît ; car la résolution, comportant refus de leur requête, ne leur laissait pas le temps d’obéir, et renfermait l’ordre de diriger sur Halifax cinq des principaux citoyens, et l’abbé Daudin, leur missionnaire :

« Le Conseil, ayant pris la chose en considération, fut

  1. Extract from Minutes of a Council holden… on tuesday the 1st Oct. 1754. « The Président communicated the following extract of another letter from captain Murray eommanding at Pisiquid… » — N. S. D. Akins, p. 223-4.