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Jusque-là, Lawrence n’avait porté aucune accusation contre les Acadiens ; il avait même été jusqu’à prier ceux qui avaient émigré de réintégrer le territoire anglais ; et, autant que nous pouvons en juger, il ne s’était pas montré d’une rigueur extrême. Maintenant, tout va changer. Le 1er  août, il adresse aux Lords du Commerce une lettre remplie d’accusations contre les habitants français, et la termine par ces mots : Ils possèdent les meilleures terres de la province… il vaudrait mieux qu’ils fussent partis. » La résolution est prise… Les persécutions commencent. L’on a vu que Hopson avait donné ordre à ses officiers de traiter en tout les Acadiens comme les autres sujets de Sa Majesté, de ne leur rien prendre par violence, ni sans que le prix n’en ait été convenu avec eux. Le premier acte de Lawrence, après sa lettre du 1er août, fut de révoquer les ordres si sages et si humains de son prédécesseur : cette iniquité, remarquons-le bien, fut consommée le 5 août, quatre jours après la lettre en question. Voici, en effet, l’ordre qu’il adressait à cette date au capitaine Murray, commandant du Fort Édouard, à Pisiquid, — ordre signifié dans les mêmes termes aux autres officiers :

« Vous devrez obliger les habitants français de votre district, sous peine grave, d’apporter, pour le service du fort « le Sa Majesté à Pisiquid, des poteaux et des piquets, autant que l’ingénieur, M. Tonge, en aura besoin, et coupés selon les dimensions que celui-ci aura données ; n’allez pas bargui-

    Majesté de vous octroyer une commission vous confiant cette charge. Le colonel Hopson nous ayant fait entendre qu’il n’a pas l’intention de reprendre ses fonctions, nous recommanderons en même temps que le traitement octroyé par Sa Majesté au commandant en chef vous soit accordé pour le temps que vous remplirez cette charge, afin que vous puissiez maintenir la dignité du gouvernement et vous occuper d’une manière efficace du service de sa Majesté. Nous espérons