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CHAPITRE VINGT-TROISIÈME



Persécutions de Lawrence. — Leur effet. — Énumération des griefs contenus dans le volume des Archives pouvant justifier la déportation. — Défense faite aux Acadiens de quitter la Province sous peine de contrainte militaire à l’égard des familles des délinquants.


Il était d’autant plus facile à Lawrence de verser dans la tyrannie et la cruauté que sa nature y inclinait fortement, au point qu’il persécuta ses compatriotes d’Halifax et ses co-religionnaires allemands de Lunenbourg, tandis qu’il devait avoir au contraire intérêt à les ménager. Mais, de la part des Acadiens, il n’avait rien à redouter ; et si, comme tout semble le prouver, il avait dès lors formé le projet de les déporter, il entrait dans ses calculs de les pousser à des actes d’insubordination, de façon à donner à l’exécution de ce projet une apparence de justification.

Il est aisé de retracer pas à pas la marche qu’il suivit à partir du moment où il eût adopté cette décision, — laquelle fut prise en juillet ou vers juillet 1754, alors qu’il était certain que Hopson ne reviendrait pas et que lui, Lawrence, recueillerait sa succession[1].

  1. Extrait d’une lettre des Lords du Commerce.

    À Charles Lawrence, Président du Conseil et commandant-en-chef de la Nouvelle Écosse.

    Il nous parait nécessaire pour le service de Sa Majesté que vous soyez nommé lieutenant-gouverneur de cette province, et nous demanderons bientôt à Sa