pouvait consommer tous les produits des habitants, et que, si l’on restreignait le commerce, on paralyserait inévitablement les travaux agricoles ; que, d’ailleurs, ce commerce était profitable à tout le monde, puisqu’il amenait dans le pays l’argent des Français, lequel sans cela s’en irait au Canada ou ailleurs[1]. Lorsque survînt la guerre, en 1744, les Acadiens, comme nous l’avons vu, soit à la suggestion du gouverneur, ou peut-être spontanément, formèrent une association ayant pour but d’empêcher toutes relations de cette nature. Ils se chargèrent eux-mêmes, et contre leurs compatriotes, de la police du gouvernement ; la guerre finie, ceux qui étaient soupçonnés d’avoir enfreint cette prohibition furent arrêtés sur plainte portée par les membres de la dite association. C’était autant, sinon plus, qu’on eût ]m raisonnablement attendre des plus loyaux sujets.
Depuis qu’Halifax était fondé, que des forts avaient été érigés à Grand-Pré, à Piziquid et à Beaubassin, les autorités anglaises se trouvaient en mesure d’empêcher les échanges commerciaux ou autres entre les Français et les Acadiens : et il faut que les infractions qui ont échappé à la vigilance du pouvoir, depuis ce moment, n’aient pas été bien nombreuses, puisque le volume des Archives n’en mentionne pas une seule de déférée à la justice. Lawrence, croyons-le bien, n’eût pas été lent à ordonner une enquête et à sévir contre les coupables. Et quand il y aurait eu des infractions sur ce point, l’on ne pouvait guère les considérer que comme des vétilles ordinaires à tous les temps, à tous les lieux et à tous les peuples, relevant tout au plus des tribunaux, et, en tout
- ↑ Cf. N. 8. D. Akins. P. 114. et les divers chapitres de notre tome premier qui traitent de l’administration de Mascarène.