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le but qu’Akins avait en vue, il eût été malhabile de sa part de mettre en évidence des faits semblables, contrastant si étrangement avec la soumission des Acadiens, encore que ces derniers aient dû être traités avec moins de ménagements que ces colons protestants, amenés et établis aux frais de l’État.

Maintenant que nous connaissons les effets de l’administration de Lawrence sur les colons anglais et allemands, et ce que tous ceux-ci pensaient de lui, alors qu’il n’était qu’à ses débuts, nous pourrons juger de la réputation qu’il avait laissée parmi les Acadiens par une lettre du capitaine Murray, commandant du Fort Édouard, (Pisiquid,) à Lawrence même, et dans laquelle il lui rapportait ce qu’ils avaient dit sur son compte : « … Ils avaient pour lui une haine personnelle, et détestaient son gouvernement à tel point qu’ils ne se sentiraient jamais à l’aise sous son administration, vu qu’il les avait traités si brutalement quand il était parmi eux[1]. » Cependant Lawrence n’avait jamais pu provoquer la moindre résistance chez les Acadiens ; mais les Allemands n’entendaient pas supporter aussi docilement l’oppression.

Le 21 juin 1754, Lawrence « informa le Conseil qu’il avait reçu une lettre du capitaine Scott, commandant du Fort Lawrence, lui faisant savoir que, le 14 du mois courant, les habitants qui avaient déserté ce district, (Beaubassin,) et qui depuis avaient demandé la permission de rentrer dans

  1. Extract from Minutes of a Council… 1st October 1754… « The President (Lawrence) communicated to the Council the following Extract of another Letter from captain Murray commanding at Piziquid relating to the conduct and behaviour of the Priest Daudin. »

    Il est à remarquer que Murray, à cet endroit de sa lettre, cite les propres paroles que lui a dites l’abbé Daudin, dans une entrevue qu’il avait accordée à ce dernier. — Cf. Akins. N. S. Doc. P. 223-4.)