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CHAPITRE VINGT-UNIÈME



Le major Charles Lawrence administre les affaires comme Président du Conseil, pendant l’absence de Hopson. — Son caractère. — Sa conduite envers les colons anglais, allemands, et les Acadiens, cause de grands mécontentements.


La confiance que Hopson avait si bien su rétablir allait disparaître avec lui. Il avait rendu la tâche facile à son successeur ; encore eût-il fallu que celui-ci possédât quelques-unes des qualités qui distinguaient à un si haut degré le premier. Or, Lawrence, excellent militaire, homme d’audace et d’action, doué d’une intelligence peu commune, jointe à ces manières insinuantes qui mènent souvent les intrigants au succès, était totalement dépourvu de sens moral et de toutes les qualités qui procèdent du cœur[1]. Il ne connaissait que son ambition, à laquelle il avait voué toutes les ressources de son vif esprit. Impérieux et cruel envers ses subordonnés,

  1. Charles Lawrence, né à Portsmouth, Angleterre, le 14 décembre 1709, mort à Halifax le 19 octobre 1760. Le 11, il avait donné un grand bal à l’Hôtel du gouvernement, auquel assistaient 300 invités. Lawrence s’en donna à cœur joie et dansa beaucoup. Au cours de la soirée, alors qu’il était en transpiration, il but un verre d’eau glacée et fut pris immédiatement de crampes de poitrine, lesquelles se développèrent en inflammation de poumons. Il expira quelques jours après. En tête de la notice biographique plus que tendancieuse où nous avons pris ces renseignements, est un portrait de Lawrence, d’après une estampe conservée à l’Hôtel du Gouvernement à Halifax. Sa figure est loin de respirer la sympathie. Impossible de voir visage plus dur ni plus bestial. (Cf. Coll. of N. S. H. S. vol. XII, p. 19. Halifax, (1905).)