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tour à tour bénévole et tyran, comme Armstrong, et Mascarène, exigeant et méticuleux peut-être, mais toujours paternel et bienveillant ! Et quel contraste saisissant, entre Hopson, si droit, si conciliant, si humain, et Lawrence si faux, si tyrannique, si dur !

Après avoir bien considéré la question, et sans nous demander si les bonnes intentions de Hopson n’auraient pas pu aboutir à un échec, de par le fait de ses successeurs, nous penchons à croire qu’en peu d’années ce gouverneur eût, à force de bienveillance, obtenu des Acadiens un serment sans réserve. L’attachement de ces derniers à la France était grand sans doute ; mais, lorsque Parkman et autres écrivains attribuent leur refus de prêter serment à ce seul motif, ils font erreur. Les Acadiens n’avaient pas de répugnance à demeurer sujets anglais. Nous irons même plus loin, et nous dirons que si la réserve mise à leur serment eût été maintenue, qu’on leur eût accordé des concessions de terres pour répondre à leur expansion et à leurs besoins, et qu’on ne leur eût inspiré aucune crainte concernant le libre exercice de leur religion, ils eussent probablement préféré voir l’Acadie rester sous la domination anglaise, afin de jouir de leur neutralité. Tant que la réserve subsistait, ils se trouvaient sous la protection d’un contrat qui leur donnait le droit indiscutable de quitter la Province, au cas où ses clauses eussent été annulées ou violées. Tandis qu’en prêtant un serment sans condition, ils perdaient ce droit. C’est ce qu’ils durent comprendre.

Ils avaient une profonde répugnance à prendre les armes contre les Français. Cette action leur paraissait monstrueuse, contre nature. Cependant leur situation était telle que, vu les mauvais procédés des Français à leur égard, ils eussent peut-être, à cette époque, sacrifié la question de sen-