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Toutefois ce document concorde parfaitement avec ce que nous connaissons du caractère de Hopson.

Dans une autre circonstance, ce gouverneur a donné une nouvelle preuve de l’excellence de ses sentiments.

Parmi les immigrants arrivés à Halifax dans le cours de l’automne de 1752, se trouvaient un certain nombre de vieillards décrépits et quelques orphelins. Hopson porta plainte aux Lords du Commerce contre une semblable immigration. Au cours de sa lettre, il ne put s’empêcher de s’apitoyer sur le sort de ces malheureux : « Je puis vous assurer, Milords, que j’ai trouvé un pareil spectacle véritablement navrant, car aucun être tant soit peu humain ne peut faire autrement que se sentir blessé au cœur à la vue d’une telle scène de misère[1]. »

Nous n’avons pu saisir avec autant de netteté le caractère de Cornwallis : ce dernier n’était peut-être que hautain et impérieux, mais son attitude ne nous permet pas de dire qu’il ait jamais eu des entrailles de miséricorde. Tandis que Hopson, — le trait que nous venons de citer en fournit la preuve, — n’était pas seulement équitable et conciliant, mais encore d’une sensibilité exquise. Tous ses actes sont empreints du même esprit ; aussi son administration, malheureusement trop courte, fut-elle fertile en heureux résultats, et l’eût été encore bien davantage, sans l’acte odieux commis par Conner et par Grâce, lequel réveilla pour un temps les hostilités des sauvages.

L’on peut raisonnablement supposer que si son règne se fût prolongé quelques années de plus, il eût obtenu des Acadiens, et cela sans contrainte, le serment absolu que l’on dé-

  1. Govr. Hopson to Lords of Trade. Halifax, 16th October 1752. Akins. p. 674.