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autres le droit de débattre le prix de leurs produits ; et si vous avez à vous plaindre d’eux, vous ne devrez employer ni la force ni aucun autre moyen illégal pour vous faire justice vous-même, mais recourir à l’autorité.

Cet ordre plaide éloquemment en faveur du caractère de Hopson ; par contre, il jette un jour défavorable sur celui de Cornwallis. Sous l’administration de ce dernier, si les apparences justifient nos conclusions, il y avait une manière de procéder à l’égard des Acadiens et une autre toute différente à l’égard des autres sujets de Sa Majesté. Le moindre sergent pouvait s’emparer de force des produits de ceux-là, et punir à sa guise toute résistance, sans autre forme de procès. Lorsque l’on songe à la tyrannie qui est inhérente à un gouvernement militaire, et cela même de nos jours ; tyrannie quelquefois supportable chez les officiers supérieurs, mais qui devient intolérable chez les subalternes, on peut sûrement en inférer que les abus de pouvoir, commis par des inférieurs, devaient être quelquefois bien criants. Cependant, excepté en une seule occasion, sous le féroce Lawrence, nous ne voyons pas, dans tout le volume des Archives, un seul cas de récrimination de la part des Acadiens.

Il est possible que l’ordre que nous venons de citer ait été inspiré par les Lords du Commerce ; mais, comme le compilateur ne produit pas une seule de leurs lettres à Hopson, nous ne sommes pas en mesure de vérifier ce point[1].

  1. Nos propres recherches dans les Archives nous ont amené à la conclusion que l’ordre en question avait été porté par Hopson motu proprio, mais que les Lords du Commerce, à qui il l’avait communiqué, l’avaient approuvé et ratifié. Cf. A. C. (1894). 1753. March 28. Whitehall. Lords of Trade to Hopson… « Respecting the purchase of provisions, the cost of firewood and his method of drawing bills. The French inhabitants are not to be forced to take the oath… » (B. T. N. S. vol. 35, p. 425.)