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avec les Indiens, ayant appris de deux d’entre eux que les autres avaient l’intention de les tuer, et d’ailleurs manquant de provisions et menacés de mourir d’épuisement faute de vivres, saisirent l’occasion, en massacrant eux-mêmes les indiens, de s’évader d’une pareille captivité. Et donc, ils tuèrent d’abord la femme et l’enfant ; puis, s’étant procuré les armes et les munitions appartenant aux sauvages, ils attendirent que ceux-ci fussent de retour de leur visite à la goélette : comme ils mettaient en effet le pied sur le rivage, Conner et Grâce fondirent sur eux et les tuèrent à coups de fusils et de haches ; après quoi, prenant l’un de leurs canots, se munissant de viande de porc et de lièvre, qu’il y avait à bord de la goélette, ils se dirigèrent vers Halifax, où ils sont arrivés hier, le quinze de ce mois. Les dits Conner et Grâce ont déclaré en outre que les Indiens avaient coupé le mât de leur bateau et ensuite en avaient percé le flanc.

« Ordre fut donné à John Conner et à James Grâce de fournir caution pour leur comparution devant la prochaine cour générale au cas ofi les Indiens porteraient quelque plainte contre eux. »

« P. T. Hopson »

« Jno. Duport. Secr. »

L’histoire était invraisemblable.

Il était difficile de s’expliquer comment Conner et Grâce avaient été laissés seuls avec une femme et un enfant, et plus encore pourquoi ils n’avaient pas alors pris la fuite plutôt que d’attendre que les sauvages fussent de retour. C’est ce qui frappa sans doute les membres du conseil ; aussi, par mesure de prudence, enjoignirent-ils à ces deux messieurs de comparaître ultérieurement devant la cour