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de leur faire des présents, et les sauvages furent si charmés de la manière dont on les traitait qu’ils en étaient presque venus à la conclusion « d’enterrer la HACHE de guerre ». Chubb proposa de tenir une conférence à portée (within sight) du fort, et il fut convenu que neuf anglais et neuf indiens sans armes se rencontreraient à l’endroit choisi. Le parti sauvage se composait de trois chefs — Taxons, Egeremet, Abenquid — et de six autres ; du côté anglais, il y avait Chubb, avec huit hommes de sa garnison, tous armés de pistolets qu’ils avaient cachés dans leur sein. Les Indiens avaient bu plutôt largement la boisson que Chubb leur avait généreusement versée, et comme ils étaient quelque peu ivres, ils ne s’aperçurent pas qu’un parti de soldats anglais les avait cernés à une faible distance. Quand tout fut prêt, Chubb donna le signal. Egeremet, Abenquid, et un autre Indien furent tués sur-le-champ ; le courageux et athlétique Taxons fut saisi par quatre anglais qui s’efforcèrent de le lier ; mais un autre Indien très fort saisissant le mousquet d’un des soldats, passa à la baïonnette trois des assaillants de Taxons, ce qui permit au chef de s’évader. Un autre Indien, après avoir tué trois anglais, fut abattu. Quatre Indiens furent tués dans cette échauffourée, trois faits prisonniers. Taxons et le sauvage qui étaient venus à sa rescousse réussirent seuls à s’échapper. Pas n’est besoin d’insister sur le caractère de cette scandaleuse transaction ; si ce n’est pour faire observer que ce fut un crime, non seulement contre les Indiens, mais aussi contre les colons anglais, qui finalement eurent le plus à souffrir de tous ces actes de traîtrise… Des crimes aussi inexcusables que ceux qui furent commis par Waldron et par Chubb contre la foi et l’honnêteté, ne permirent pas aux Indiens de croire que les Anglais garderaient jamais d’armistice avec eux ; car ces ex-