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conduite dans cette partie du pays et à l’époque dans laquelle nous entrons.

Cette paix de huit années, de 1748 à 1756, ne fut autre, en Amérique, qu’une suite continuelle d’hostilités s’aggravant d’année en année ; et, comme a dit Macaulay, « la paix qui avait été conclue entre l’Angleterre et la France en 1748, n’avait été en Europe rien de plus qu’un armistice ; et elle n’avait même pas été un armistice dans les autres parties du globe[1] ».

La Proclamation de Cornwallis, ordonnant aux Acadiens la prestation d’un serment sans réserve, fut, en ce qui regarde l’Acadie, la cause ou le prétexte d’hostilités sourdes d’abord, puis finalement de guerre ouverte. L’inimitié des sauvages pour les anglais avait toujours été soigneusement entretenue ; c’était cet appoint qui équilibrait les avantages des deux nations dans cette partie du continent. Nous allons voir maintenant, ainsi que le dit avec raison Parkman, que rien ne fut négligé de la part des Français, pour porter les Indiens à commettre des hostilités, soit afin de décourager les colons amenés par Cornwallis, soit dans le but de forcer les Acadiens à traverser la frontière. En effet, quelques temps après cette Proclamation, de la Jonquière écrivait au ministre des colonies, que Cornwallis, à son arrivée, avait lancé une Proclamation exigeant des Acadiens un serment sans réserve ; que cela les avait jetés dans une grande alarme, et qu’il avait donné instruction au capitaine de

  1. « The peace which had been concluded between England and France in 1748, had been in Europe no more than an armistice ; and had not even been an armistice in the other quarters of the globe. » — Macaulay, Frederick the Great. Dans Critical and Historical Essays. Vol. V. p. 302. (Boston & New York. Houghton, Mifflin and Company. The Riverside Press) (MDCCCC).