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ci pouvaient-ils avoir de commettre ce crime ? Nous l’ignorons, c’est-à-dire que la preuve écrite n’existe pas. Rien d’étonnant à cela, puisque sur cette question comme sur bien d’autres, les faits nettement définis constituent une exception. L’intérêt supposé des sauvages pouvait avoir des causes anciennes et multiples, ne reposant probablement sur rien de plus sérieux que le tort que Howe leur avait fait dans son zèle à servir les intérêts de sa nation[1].

Cependant, il nous est permis d’avancer que le Loutre a pu être, indirectement et inconsciemment, la cause de ce meurtre. Depuis plusieurs années, il excitait de toute manière le fanatisme de ces barbares, il leur soufflait la haine de l’Angleterre. N’est-il pas dès lors naturel de croire que les sauvages, dans leur logique simpliste, soient allés jusqu’au bout des principes qu’il leur avait enseignés, et qu’ils aient résolu de détruire l’homme qui personnifiait à leurs yeux des intérêts contraires à ceux de la France et du catholicisme ? Nous nous arrêtons à cette conclusion, non qu’elle soit basée sur un document certain — il n’en existe pas, — mais parce qu’elle est conforme à l’expérience psychologique et aux enseignements de l’histoire[2] ?

  1. Le Loutre’s brother missionary, Maillard, déclares that it was purely an effect of religious zeal on the part of the Micmacs, who, according to him, bore a deadly grudge against Howe because, fourteen years before, he had spoken words disrespectful to the Holy Virgin. — Parkman, Montcalm and Wolfe, vol. 2, ch. IV, p. 124.
  2. Non, nous ne permettrons pas à l’auteur d’Acadie d’émettre impunément une pareille conclusion. D’abord, elle ruine tout l’échafaudage de ses preuves positives et de ses raisonnements antérieurs pour exonérer Le Loutre de toute participation même indirecte à ce crime. Et puis, quand les documents nous montrent ce missionnaire s’interposant pour adoucir le sort des prisonniers anglais ou pour empêcher qu’ils ne soient cruellement traités par les sauvages, il