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pas à en rendre Le Loutre responsable, car, ainsi que s’exprime l’un d’entre eux, « de quoi un mauvais prêtre n’est-il « pas capable ? »

Maintenant, passons à la version que fait Pichon de ce meurtre, — laquelle se trouve à la page 195 du volume des Archives :


« Ç’a été bien à tort, et avec la plus grande injustice, que les Anglais ont accusé les Français d’avoir trempé dans les horreurs commises chaque jour par Le Loutre et ses Indiens. De quoi un mauvais prêtre n’est-il pas capable ? Il avait revêtu un sauvage nommé Cope[1] d’un uniforme d’officier ; … et, après avoir mis ses indiens en embuscade près du Fort, il envoya vers celui-ci Cope, qui agitait dans sa main un mouchoir blanc, signe en usage quand les Français voulaient avoir accès au Fort anglais, pour y traiter d’affaires avec son commandant. Le Major du Fort, homme de mérite, chéri de tous les officiers français, prenant Cope pour un officier français, vint au devant de lui avec sa politesse ordinaire. Mais il s’était à peine montré que les sauvages cachés dans l’embuscade firent feu sur lui et le tuèrent. Tous les Français conçurent la plus grande horreur et indignation des actes barbares de Le Loutre ; et j’oserai dire que si la Cour de France les eût connus, elle eût été loin de les approuver. Mais Le Loutre avait à tel point gagné les bonnes grâces du marquis de la Galissonnière, qu’il était devenu un crime d’écrire contre lui. Pas n’est besoin de s’étendre plus longuement sur la conduite

  1. « Jean-Baptiste Coptk, chef micmac de la mission du P. Lacorne. » Bourgeois, Histoire du Canada, p. 125.