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Tel est cet homme quant au rôle qu’il a joué. L’on devinera aisément qu’un individu de ce calibre ne constitue pas une autorité d’un bien grand poids, alors même que nous ne posséderions sur son compte aucun renseignement de nature à le discréditer davantage. Mais nous sommes loin de manquer de tels témoignages. Le capitaine Hussey, en communiquant au gouverneur les informations qu’il en recevait, donnait ses raisons d’y ajouter foi ou d’en douter ; et plusieurs fois il fit voir les inconséquences de Pichon et le peu de créance que méritaient ses révélations, si bien qu’à la fin il émit l’opinion qu’il serait préférable de cesser tout rapport avec lui. Le Dr Brown discute également les écrits et les renseignements venant de ce personnage, et relève avec beaucoup de sagacité la bassesse de caractère dont ils font preuve. L’amiral Boscawen ne voulut pas leur accorder de valeur ; et Murdoch, tout en le citant au sujet de la prise de Beauséjour, s’en excuse sur l’absence de toute autre source d’information[1] .

    la connaissance du comte Raymond qui l’emmena comme secrétaire à Louisbourg, dont il avait été nommé gouverneur. Pichon remplit cette fonction de 1751 à 1753, où il fut transféré au fort Beauséjour à titre de commissaire des magasins. C’est alors qu’il entra en correspondance secrète avec Scott, Hussey, etc., et qu’il se livra, au profit des anglais, à l’espionnage et à la trahison. Cela dura jusqu’à la prise de Beauséjour, en 1755, où, fait ostensiblement prisonnier avec le reste de la garnison, il fut conduit à Pisiquid (Windsor) puis à Halifax. Dans cette dernière ville, censé sous la surveillance de l’officier anglais Archibald Huishelwood, mais libre en fait, il gagna la confiance des officiers français supérieurs qui y étaient détenus et rapporta au gouvernement leurs plans et leurs conversations. En échange de ses trahisons, il se faisait donner des habits, de l’argent, etc. En 1758, il vint à Londres où il résida jusqu’à sa mort arrivée en 1781. Son ouvrage sur le cap Breton fut publié anonyme, à Londres en 1760 et à Paris en 1761. Il avait pris le nom de Tyrrell, qu’il disait être celui de sa mère.

  1. Le MS. original, à cet endroit (fol. 340, 341,) contient en note des citations anglaises dont la provenance n’est pas indiquée. Richard les a prises, — sauf la der-