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avoir sous les yeux tous les documents qu’il a consultés lui-même, en tout cas, nous avons vu tous ceux qu’il cite. Or, il introduit des détails qui sont nouveaux, desquels nous avons lieu de penser que son imagination seule a fait les frais. L’historien avait à choisir entre trois ou quatre versions différentes, qui se contredisent plus ou moins l’une l’autre. Or, il a accepté celle qui nous paraît le moins probable, le moins honorable. L’autorité sur laquelle il s’appuie est tellement suspecte que les écrivains sérieux ne l’invoquent même pas, ou, s’ils y réfèrent, ils ont du moins la candeur de mettre le public en garde contre elle, en exposant au préalable les raisons pour lesquelles il faut s’en méfier.

L’on pourra se former une idée de la valeur de Parkman comme historien, lorsque l’on saura que, cette source méprisable et que tout le monde rejette, et telle autre presque aussi sujette à caution, constitue la grande base des deux chapitres que, dans son ouvrage Montcalm and Wolfe, il consacre à l’Acadie. Ces deux chapitres intitulés, l’un, Conflict for Acadia, l’autre, The Removal of the Acadians, contiennent quatre-vingt-dix pages. L’auteur, en dix pages, enjambe lestement les événements des quarante premières années, pour en arriver à l’abbé Le Loutre, auquel il consacre la plus grande partie de son récit.

Les faits et gestes de ce bouillant abbé avaient pour lui un attrait trop piquant pour qu’il pût perdre cette belle occasion de les mettre en relief. Quel chapitre, palpitant d’intérêt, ne pouvait-il pas tirer du chaos de l’histoire ! Par malheur, la plupart des renseignements que nous savons sur les agissements de Le Loutre, viennent des deux autorités suspectes dont nous venons de parler. L’une, la moins méprisable, est un auteur anonyme, et le titre de son écrit est :