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Pas n’est besoin de chercher longtemps pour trouver le motif sur lequel reposaient ses appréhensions. N’avons-nous pas vu que Shirley avait formé le projet de protestantiser les Acadiens et de chasser leurs prêtres ? Que ce beau plan, ce gouverneur l’avait renouvelé, en y apportant une insistance étrange ? Que cela était venu vaguement à la connaissance des Acadiens, et les avait jetés dans une grande alarme ? Quoi d’étonnant que Le Loutre en ait subi un ébranlement violent, et que la conviction que ce projet serait bientôt mis à exécution, se soit profondément enracinée dans son esprit ? Puisque ce plan avait été élaboré en temps de guerre, alors que les Anglais avaient le plus d’intérêt à voir les Acadiens garder leur neutralité, quand ces derniers résis-

    sin où tout était en feu mis par les sauvages de M. Le Loutre, ce qui engagea les Anglais à mettre à terre leurs troupes à la pointe à Beauséjour… »

    {Arch. Can. 1905, vol. II, p. 386). La Corne à M. Besherhiers. Memeramkouc… 1750.

    La Corne ne dit pas que c’est à l’instigation de Le Loutre que les sauvages en ont agi ainsi.

    Dans Records of Chignecto, par W. C. Milner, (N. S. H. S., vol. XV, Halifax, 1911), voici comment la chose est racontée « 1750, the next year, Cornwallis dispatched captain Lawrence with a force of 400 men, to maintain British supremacy there (Beauséjour). On his arrivai, he found the French flag flyiug upon the shore, Lacome in possession and his men drawn up to dispute a landing. In answer to the former’s question as to where he should land, La Corne pointed to Beaubassin across the Missiquash river, stating the French claimed that as the boundary line, until otherwise settled. Lawrence proceeded to land his troops at Beaubassin, (now Port Lawrence), when suddenly a conflagration broke out in the village, consuming the church and all the dwellings. Le Loutre himself, it is said, set the torch to the church and his emissaries did the rest. The houseless and homeless occupants were thus obliged to seek shelter across the River at Beaubassin and adjacent villages. One hundred and fifty houses were said to have been burned, but this must have been largely exaggerated. » (p. 12).

    Ce Le Loutre himself, it is said est ineffable. Est-ce que l’on écrit l’histoire sur des on-dit ? Est-ce que l’on doit, pour charger la mémoire d’un homme, s’en rapporter à de vagues racontars ?