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le Mariage caché.

vous ſoucieriez peut-être pas de venir à la Chine ?… Vous ne dites mot ?

Sophie, chagrine & embarraſſée.

En vérité, Monſieur, l’honneur que vous me faites… m’interdit à tel point… je prévoyois ſi peu… Ô Ciel ! quel nouvel embarras ! Comment oſer lui confier à préſent ?…

Durval.

Mon air dur, mon ton bruſque, vous effraie peut-être ; mais, quoiqu’en puiſſent dire ces ſottes femmes, je ſuis bon, ſincère, facile, point jaloux, point capricieux, point trop obſtiné, un peu colère ; mais celà s’appaiſe d’abord, & vous ferez de moi tout ce qu’il vous plaira.

Sophie.

Ah ! Monſieur, vous avez trompé mes eſpérances ; j’avois deſſein de vous regarder comme un Ami, comme un Père.

Durval.

Eh ! bien, je ſerai votre Ami, votre Père & votre Mari.

Sophie

Vos ſentimens pour moi ne peuvent être aſſez vifs.

Durval.

Eſt-ce là ce qui vous inquiette ? raſſurez-vous, je ne ſuis pas galant, moi, mais j’aime bien mieux qu’un autre ; toujours fidèle, toujours occupé de vous, je ne vous quitterai pas un inſtant.