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tendre ; auriez-vous de la répugnance pour l’asile qu’on vous propose » ?

« Eh ! Monsieur, dit Ernestine, pourrois-je ne pas aimer l’asile que vous me choisissez : je suivrai les conseils de Mademoiselle, je me soumettrai aux lois que vous daignerez m’imposer ; elles feront à jamais la règle de ma vie. — Vous imposer des lois, moi, ma chère Ernestine ! s’écria le Marquis, quel langage ! puis-je l’entendre sans douleur » ? Et s’adressant à Henriette : « Je vous en prie, Mademoiselle, lui dit-il d’un air touché, triste même ; eh ! je vous en prie, engagez votre amie à me traiter avec plus de bonté ».

Ernestine lui tendit la main, voulut parler ; mais la crainte de voir le Marquis pour la dernière fois, serroit son cœur, et lioit sa langue ; quelques mots coupés par ses soupirs, découvrirent sa pensée à M. de Clémengis. Il en fut ému, attendri ; il prit sa main, la pressa doucement, la baisa : « Nous ne nous séparons point, lui disait-il, je vous visiterai souvent, vous me serez toujours chère, vous m’occuperez sans cesse ; séchez vos pleurs, levez ces yeux charmans sur deux personnes dont vous êtes si véritablement aimée ; accordez-moi la douceur de m’applaudir à ceux de votre amie, de n’avoir rien permis à mes désirs qui vous oblige à les baisser devant elle ».

Mademoiselle Duménil se joignit au Marquis pour consoler Ernestine : ils prirent, de concert, toutes les mesures capables de rendre la nouvelle situation de cette aimable fille aussi agréable que paisible. Elle-même choisit l’abbaye de Montmartre, et demanda