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HISTOIRE
D’ERNESTINE.


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Une étrangère, arrivée depuis trois mois à Paris, jeune, bien faite, mais pauvre et inconnue, habitoit deux chambres basses au faubourg Saint-Antoine : elle s’occupoit à broder, et vivoit de son travail. Revenant un soir de vendre son ouvrage, elle se trouva mal en rentrant dans sa maison : on s’efforça vainement de la secourir, de la ranimer ; elle expira sans avoir repris ses sens, ni laissé apercevoir aucune marque de connoissance.

Ses voisines, effrayées de ce terrible accident, remplirent sa triste demeure de cris et d’exclamations ; elles s’appeloient les unes et les autres, et se répétoient : « Christine, hélas ! la pauvre Christine » !

Une bourgeoise, dont le jardin se terminoit au mur de la maison d’où s’élevoit ce bruit, attirée par le désir d’être utile à celles qui gémissoient si haut, fut elle-même s’informer de la cause de leurs clameurs ; on l’en instruisit. Pendant qu’on lui parloit, ses yeux se fixèrent sur une petite fille âgée de trois ou quatre ans : cette innocente créature pleuroit près de la morte, l’appeloit, la tiroit par sa robe, et lui