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aussi sensible que le mien, mettoit tout son bonheur à me rester fidèle ; si je lui étois plus cher que sa fortune ; si elle consentoit à m’engager sa foi, si… Je vous entends, interrompit le Comte, et vais m’expliquer sans détour : soyez sûr, mon cher Edouard, que votre satisfaction est le premier de mes vœux : je ne vous la procurerai jamais aux dépens de l’honneur ; mais ne craignez pas d’opposition à vos désirs, quand les démarches qu’ils vous engageront à faire, ne pourront ternir votre gloire. Si ladi Sara conserve les sentimens qu’elle a pour vous, si l’éloignement n’éteint point dans vos cœurs cette passion si tendre, je verrai avec plaisir une union si ardemment souhaitée. En vous sacrifiant sa fortune, ladi Sara me paroîtra encore plus digne de votre attachement : et de mon amitié ».

« Ah ! je ne voulois que ce doux consentement, s’écria Edouard ; en cet instant, Milord, vous comblez la mesure de vos bienfaits : ce dernier augmente le prix de tous ceux que j’ai reçus d’une main si chère. O mon respectable père ! vous venez de répandre le calme et la joie dans mon ame. Le secret que je gardois avec vous sur mes desseins, étoit un poids pour mon cœur. Je pars content, et vais mériter par ma conduite le nom de votre fils ».

Après avoir fait éclater les transports de sa reconnoissance, embrassé mille fois son généreux protecteur, il le quitta pour aller écrire à ladi Sara ; et l’informer des dispositions favorables de milord Revell ; ensuite il partit avec sir Humfroid et deux valets-de-chambre, ses équipages l’ayant devancé depuis long-