Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

tant l’autel où j’aurai reçu votre foi, une simple retraite où je verrai Edouard, où je porterai sur lui des regards assurés, sera plus agréable, plus riante à mes yeux que ce séjour magnifique où je ne le vois point, où je suis sûre de ne point le voir. Hélas ! nous nous sommes souvent plaints de la longue maladie de milord Revell. Ah ! Dieu ! que ce temps ne peut-il revenir. Nous nous plaignions, et nous étions ensemble. Ma foiblesse ne me permet pas d’écrire davantage : cessez de vous inquiéter ; ma fièvre diminue ; ses accès sont de peu de durée : on m’annonce une prompte convalescence. Partez, mon aimable ami, partez, puisque vous le devez. Mon cœur comptera tous les momens de votre absence ; mes vœux vous suivront partout, chaque jour vous portera des preuves de mon souvenir et de ma tendresse. Adieu ».

Edouard ne put se voir prêt à quitter milord Revell sans donner des marques du plus grand attendrissement. Ses caresses émurent le cœur sensible du Comte. Il lui parla sur la conduite qu’il devoit tenir au camp ; il lui vanta les honneurs qui l’attendoient à la fin de la campagne, son rétablissement à la Cour étant sûr. Edouard, peu flatté en ce moment des grâces du Roi, mais touché de l’amitié de Milord, laissa couler des larmes ; et se jetant dans les bras de cet ami généreux : « Ô mon père ! lui dit-il, vos bontés me seront-elles inutiles ? Depuis que je respire, vous avez daigné vous occuper de mon bonheur, je vous dois tout. Oserai-je l’avouer ? Tant de bienfaits ne peuvent plus me rendre heureux. Pardonnez-moi des sentimens qui, peut-