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rassurant Edouard sur des jours si chers, détruisit la cause de ses agitations. Il se prêta aux soins de milord Revell ; sa raison se raffermit ; l’espérance de revoir Sara, le désir de se retrouver près d’elle, la certitude d’en être aimé, lui aidèrent à recouvrer ses forces, et. le rendirent bientôt à lui-même.

Milord Edouard sortoit à peine de ce cruel état ; quand il reçut l’ordre de se rendre au camp. Il ne comptoit partir que douze jours plus tard. Ce temps lui avoit paru suffisant pour exécuter le plus cher de ses projets. Il falloit le remettre à son retour. Quelle nouvelle douleur pénétra son ame ! partir, s’éloigner de Sara, de Sara malade, languissante, affligée ! la laisser au pouvoir d’un père absolu, bizarre, impérieux ! Ne la forceroit-il point à recevoir les vœux d’un autre ; peut-être l’engageroit-il, malgré sa résistance ? Oseroit-elle s’opposer à des volontés qu’elle étoit accoutumée à respecter ? Partir sans la revoir, sans lire dans ses yeux qu’il lui plaisoit toujours, sans lui entendre prononcer encore l’assurance flatteuse d’être à lui, de lui conserver son cœur et sa foi ; c’étoit pour Edouard une peine insupportable. La veille de son départ, il lui envoya son portrait, et lui écrivit cette lettre.

Lettre de milord Edouard à ladi Sara.

« Je pars, ma chère Sara. Hélas ! je pars. Avec quel regret je m’arrache des lieux où vous restez ; quel espace immense va nous séparer, et dans quel temps un cruel devoir me force à m’éloigner de vous. Puisse mon idée vous être toujours présente ;