Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

falloit veiller avec soin ses mouvemens, pour le sauver de sa fureur. Il demandoit Sara, l’appeloit, lui parloit, pleuroit, gémissoit, s’accusoit d’avoir violé à son égard les droits les plus saints : il croyoit la voir expirante, lui reprochant sa mort, ou l’invitant à la suivre. Alors il jetoit de grands cris, s’efforçoit d’échapper à ceux qui le retenoient ; il vouloit mourir, et mourir aux pieds de Sara.

Milord Revell, assidu près de lui, pénétré de l’état où il le voyoit, souffroit avec douceur les plaintes touchantes’et souvent amères, qu’il lui adressoit à lui-même. Il cherchoit les moyens de le consoler, s’affligeoit comme lui ; et quand il le trouvoit un peu plus calme, il lui disoit tout ce qu’il croyoit capable de ramener l’espérance dans son cœur. Mais sa tranquillité n’étoit que momentanée. Il recommençoit bientôt à pleurer, à gémir. Le Comte avoit la douleur de le voir retomber dans une aliénation d’esprit, dont les suites le faisoient frémir. Edouard devoit se rendre à l’armée vers la fin du mois, et dix jours de ce mois s’étoient écoulés avant qu’il eût donné aucune marque de rétablissement.

Cependant la fièvre de ladi Sara, devenue moins forte en se réglant, lui laissoit des momens où elle sembloit assez tranquille. Lidy en saisit un pour lui rendre les lettres d’Edouard. Comme il y en avoit plusieurs écrites depuis qu’il la croyoit mourante, le désordre de ses expressions fit connoître à ladi Sara le trouble de son cœur et l’altération de son esprit. Elle en fut attendrie, effrayée ; elle se hâta de lui écrire, et de dissiper ses craintes.

Son billet, porté en diligence à Wersteney, en